dimanche 17 mai 2009

Dernière session de la saison à Rumney !

Et oui, plus que trois jours d’examens, et les vacances commencent. C’est presque triste, car ça signifie que mes aventures en New Hampshire vont s’arrêter pour les trois mois qui viennent. Bon, il va quand même falloir que je fasse un stage cet été, donc la notion de vacances est toute relative !

Nous étions avec Franck du côté de Monster from the id, un secteur raide de la falaise avec des voies courtes et exigeantes.  Bien mon style donc, ce qui m’a permis d’enchaîner « Freeding Frenzy », un 5.13d soit 8b sur le vieux continent en quelques essais. Bon, ça fait 10 mètres de haut, et ça se rapproche plus d’un problème de bloc qu’une longue voie du Tarn (!), mais c’est toujours agréable de faire des voies punchy! Franck quant à lui a conclut la saison en faisant Butt Bongo en toute fin de séance, un 13a/7c+ exigeant – une bonne journée donc.

Mémorable par ailleurs, la soirée d’hier qui nous a vu errer dans le Boston branché jusque tard dans la nuit, avec nos fringues de grimpeurs et notre look un peu ahuri. Anecdote à une heure du matin : à l’entrée d’un bar bien trop guindé, Franck s’approche du vigil (genre le grand mec baraque, avec les cheveux rasés et l’uniforme de cuir moulant) et lui lance avec un grand sourire :

« I don’t understand… what’s your job exactly ? » (accent Hollandais pronouncé)

“My job is… to be mean”.

C’est  ce qu’on appelle ici la self-awareness!

Ci-joint une vidéo de la voie choppée sur youtube (pas de photo cette fois malheureusement)


jeudi 14 mai 2009

Où est Charlie ?

Et oui, c’est déjà la fin, de l’année ! Encore plus tôt qu’en France, incroyable n’est-ce pas ? C’est vrai que quand on paye les cours de sa poche (ou de celle de son employeur), on est nettement plus sensible au nombre d’heures refourguées par l’institution. Ici, ça coût de l’ordre de 170$ le cours – une bonne raison pour lire ses cas à l’avance. Pas donné le diplôme, un peu comme à l’université de Nice en somme (j’ai lemonde.fr sur mon iphone en clase, pratique pour suivre l’actualité discrètement)….Des « cas », on en a fait plus de 300 – dont un mentionnant le décès d’un Sâdhu indien au Thorung La, col Népalais que Philipe passa sous la neige, suivi de son neveu (moi)… 30 ans après ! Seulement l’un d’être eux nous a permis de traiter le « problème » syndical comme on dit ici, j’espère avoir l’occasion d’y revenir… l’année prochaine !

Bref, je vous présente donc ma photo de classe de l’année. Notons que ce n’est pas la version officielle à 80$ (que je n’ai pas encore eu le temps de faire copier avec mon appareil numérique, mais c’est en cours) pour « élève portefeuille ambulant » mais le travail photographique d’Amar, un Indien de ma classe, sympa et intelligent -une très bonne représentation de la « menace Indienne », où les Indiens qui d’ici peu écraseront les occidentaux (heureusement, ils sont non violents).

Où est charlie ? Hint : sur la gauche (quasiment  un « political statement » en somme !)

mardi 12 mai 2009

HBS: the jungle

Et oui, la fin de l’année approche, et il est temps de choisir nos cours de deuxième année ! Car si on ne choisit pas en première année (Required Curriculum), on doit sélectionner une quarantaine de cours parmi plus d’une centaine de possibilités en seconde année (Elective Curriculum)-dont 10 nous seront finalement accordés. 

On s’en doute, c’est un process léger vraiment très amusant: se coltiner la lecture des descriptifs de chacun des cours, discuter avec un maximum de gens qui ne sont évidemment jamais d’accord pour avoir si les profs sont bons ou mauvais (oui, il y a une collection de mauvais profs ici, aussi incroyable que cela puisse paraître), et enfin, saisir son choix dans une interface à s’arracher les cheveux puis… prier pour que la loterie magique nous concocte l’emploi du temps idéal. Le rêve, non ? 

Pour s’orienter dans cette jungle insaisissable, plusieurs moyens : passer des heures à discuter autour de soi avec les Français de deuxième années – en vacances depuis la semaine dernière-, assister (ou non…) aux conférences de présentation des cours et surtout… visiter le site d’HBS qui présente l’algorithme d’attribution des cours-  et oui, chaque détail compte ! 

Mais mon moyen préféré, et de loin, c’est de visiter le site du journal des élèves, « The Harbus », canard illisible au demeurant mais dont l’étude annuelle d’évaluation des professeurs par les élèves qui ont suivi leurs cours est des plus intéressantes (rien d’officiel dans ce classement évidemment – ce qui le rend d’ailleurs croustillant). 

Les premiers commentaires que j’ai pu lire sur les profs, cependant, étaient décevants, consensuels et tellement positifs… à l’Américaine en sorte: 

“ Youngme is an amazing professor and keeps classes interesting and personal. You feel like you're in a separate world when you're in her class” 

“De Tella is an awesome and funny (…) it's a must!” 

Heureusement, ça se déride un peu par la suite: 

“XX is just so funny and he is also a good teacher, daily entertainment guaranteed!!” 

“Cases are long but if you like this kind of classes where you can basically say whatever you want, this is great fun” 

Puis ça devient franchement marrant… 

“NOT a good 8:30 class, so boring”

“.. she can’t run a case discussion, she talks all the time...”

“Really easy course, but also really boring”

“PROF X IS A POMPOUS, IDIOTIC MAN WHO KNOWS NOTHING, I could not wait for the class to end” 

Voire… hilarant! 

“Painful…” 

“George is very dry. Classroom discussions were immensely boring.” 

“Worst class I've taken at HBS. Don't do it. The Professor is TERRIBLE & spends most of her time promoting herself and pandering to her guests. Learnings non-existent.”  

Et ma préférée, pour finir: 

“ Mostly it's just a mutually sycophantic spectacle… This is a total waste of time. Discussions are fluffy and people just say crazy stuff that makes no sense.” 

J’imagine que l’enjeu de choix des professeurs est un peu plus clair désormais, non ?

mardi 5 mai 2009

Wine Flu...


... après la « Swine Flu » -en Anglais-, une nouvelle version de la grippe porcine touche le campus d'HBS ! Mais Quentin a une excuse: ce mail fût envoyé le 4 mai, lors de la célébration de mon anniversaire, hier soir donc. Soirée mémorable, merci encore à Loeiz d'avoir tout organisé de main de maître... C’était autrement mieux mon dernier anniversaire, que j’ai eu la chance de passer à Riyad, au cœur de l’Arabie Saoudite - pas tout à fait Acapulco… 

Sinon, une nouvelle anecdote marrante sur la vie en groupe aux Etats-Unis: si vos voisins font du bruit, surtout ne vous dérangez pas pour aller gentiment leur demander de baisser le son, appelez plutôt les flics. Ainsi, à 23 heures tout juste, deux bonhommes –visiblement de la police !- sont venus nous demander de ralentir le flot des basses avec un tact tout Américain… Certes, nous étions un poil bruyant, mais tout cela aurait pu se régler un peu plus simplement, non ?

Prédator - suite et fin !


Après avoir enchainé Prédator, petit vol plaisir au dessus du décor sublime du secteur. Une voie dont je me rappellerai, pour sûr !


Nous sommes déjà mardi mais je me dois de faire un retour sur ce beau week-end, durant lequel Franck, Hannah, Patrick et moi avons enchaîné un tas de projets à Rumney. Ci joint les images !



dimanche 3 mai 2009

Tu me prêtes ta Porsche ?

La semaine dernière, j’étais à un dîner avec pleins d’étudiants d’HBS que je ne connaissais pas – une fois n’est pas coutume… Vers 22 heures, j’en avais un peu ras le bol, évidemment. Je regarde autour de moi, et me rend compte que David, mon voisin, semble lui aussi fermement s’ennuyer, nettement moins néanmoins que sa copine, juste à côté… Flairant le filon, je lui demande si, par hasard, il  ne rentrerait pas lui aussi de manière anticipée.

« Oui, je pense que je vais y aller moi aussi, on s’ennuit ferme ici » me dit-il

« Super ! Tu as une voiture ? Tu rentres sur le campus», je lui lance, espérant éviter les 15$ de taxi réglementaires

« Oui ! »

« … et… tu pourrais m’emmener ? »

« Et bien… je voudrais bien, mais c’est une Porsche… »

«Sympa !... Il y a un problème ? »

« Ben ouais, j’ai que deux places, c'est le modèle Boxter, tu comprends… »

Du coup, je suis rentré en taxi. Nous vivons dans un monde formidable, non ?

La Charity auction

Il faut que je vous raconte le dernier événement en vogue a HBS. La charity auction.

Le concept est apparemment assez répandu aux États-Unis pour collecter des fonds pour des associations. Chacun des participants met eux enchères un bien ou un service et le but est de vendre l’ensemble a l’assemble. Quelques exemples : une semaine dans la résidence secondaire familiale, un dîner avec un professeur, un objet insolite ou des modèles financiers sous Excel…

Il s’agit donc d’une grande opération de marketing pendant laquelle le prétexte des associations caritatives permet de contraindre des gens à payer des sommes ridicules pour des choses futiles. On utilise la pression du groupe et le désir de chacun de montrer qu’il a de l’argent. C’est assez choquant pour des européens mais c’est ici complètement accepte. Quelques exemples : la semaine au Mexique dans une villa au bord de l’eau est partie pour $ 5,000, mon dîner français pour $ 400 ou encore un dîner avec un professeur pour $ 1,000. C’est incroyable.

Le top, c'est la mise au enchère d'un French kiss qui est parti pour $150...

Les américains sont incroyables !!!

Comme vous vous en souvenez sûrement, j’étais en février à la Mecque de l’escalade de bloc aux Etats –Unis, Hueco Tanks. Perdu au fin fond du Texas, et à une heure au sud de la ville d’El Paso, ville frontière s’il en est, Hueco est un parc naturel, site anciennement habité par des Indiens. Bref, j’avais passé deux jours là-bas avec 3 amis de Boston (ceux avec qui je fais du bloc, pas mes amis d’Havard avec qui je fais des voies, nuance !) – Jérôme, AJ et Todd. Nous avons aussi de superbes images du désert mais je n’ai pas encore eu le temps de les monter.

J’ai tout de même pris le temps cette semaine d’avancer sur le « teaser » suivant : il s’agit de notre enchaînement de Ministry of Truth, un bloc très physique, où il vaut mieux aimer les réglettes…  la suite, avec des images du site et des cactus, dans quelques jours! 

vendredi 1 mai 2009

Tomber la main dans le bac !


… C’est ce qui m’est arrivé samedi dernier dans « Predator », un 8A sublime de Rumney.

Après avoir raté le flash, je suis reparti dans la voie, proue magnifique qui s’étend en deuxième longueur au secteur « Orange Crush ». Cette longue voie est assez psychologique, car il y a du gaz et quelques dégaines à sauter (trois dans mon cas) pour ne pas se cramer trop en mousquetonnant toutes les 30 secondes. Ambiance !

J’aime cette pression qui s’installe juste avant l’essai, avant de partir pour dix minutes de grimpe concentré uniquement sur la réussite de la voie. Je quitte le relais. Premier passage ; ne pas trop serrer les prises et s’économiser. Laisser couler les mouvements. Repos rapide, puis c’est l’entrée du devers à 45 degrés, et tout de suite le premier crux. Forcer ce qu’il faut, croiser, puis la réglette main droite, puis je saute la paire, monte le pied, saisi un plat main gauche. Respirer, se détendre, ne pas trop serrer les prises ! Cette partie se déroule sur le milieu de la proue, et je ne vois déjà plus mon assureur. J’entends des bruits qui montent, mêlés aux  cris des grimpeurs qui m’encouragent. Je me détends sur ces deux prises moyennes, clippe une dégaine, respire de plus en plus fort. Je sens l’acide lactique qui envahi mes veines, mes doigts sont déjà moins forts. Je m’engage dans le crux du haut, qui commence par un jeté aléatoire, où il ne faut surtout pas réfléchir, simplement écouter son intuition.  La prise d’arrivée est bonne mais éloignée, et la position de départ inconfortable. Je me lance, saisi le bac main droite, c’est fait ! En revanche, ça y est, je suis cuit, alors qu’il me reste encore quatre mouvements  délicats à négocier. Ma partie préférée : tout se joue dans ces derniers instants, où il ne faut pas douter, tout donner. C’est en général là où je m’exprime le mieux sur le rocher; quand il faut aller au delà de l’épuisement temporaire du corps et forcer, forcer encore, juste encore un peu plus…  Je suis cuit, je monte mon talon, je hurle, je remonte main droite, puis main gauche.

Le haut de la voie est assez technique avec un crochet de talon en sensation mal pratique, puis il faut se saisir d’un énorme bac pour clipper la chaîne – sans quoi, la voie n’est pas enchaînée. Mon bras droit est vide, je respire fort, je jette main droite. Ma main atterrie juste dans ce fameux bac, ultime, c’est bon ! Mais…

… impossible de serre ce trou – bien que ce soir la meilleure prise de toute la voie. Mon bras s’ouvre. Apesanteur, je suis léger, je vole. Pas de vertige, juste l’attente. Une, deux secondes… puis un léger choc à la taille, la corde me retient enfin. Encore un peu de mou et en un clin d’œil, je suis à côté de mon assureur… Mince alors, je viens de tomber au denier mouvement de la voie !

Je suis certes un peu frustré - c’est rare et toujours rageant d’échouer si près du but. Fini pour aujourd’hui, je ne récupérerai pas, même en me reposant une heure entière.

Cela dit, je me suis battu jusqu’au bout, complètement concentré sur mon escalade l’espace de cette montée. Rien d’autre en tête que des sensations de grimpe qui s’écoulent agréablement. Je suis heureux, car cette voie est magnifique ! Si je l’avais faite aujourd’hui, je n’y serai jamais retourné. Au lieu de ça, j’y ai pensé cette semaine dans mes moments d’absence, j’ai en tête tous les mouvements et j’ai en moi ce sentiment de grimpe qui s’écoule doucement. Heureux donc, d’y retourner dès demain, en tâchant cette fois de serrer cette dernière maudite prise !