jeudi 25 février 2010

Encore un évenement social sur le campus!

Ci-joint le flyer que nous venons de recevoir dans nos boîtes aux lettre, faisant la promotion du "HBS talent show", un truc pas mal en fait, ou les étudiants démontrent leurs talents plus ou moins bien cachés devant le plus grand amphitéatre du campus, bondé pour l'occasion. Sauf que comme je ne suis pas trop motivé par le "Hot dog eating section contest" (cf. le bandeau jaune en bas à droite sur la photo), je crois que je ne vais pas y aller !

Notons tout de même que ce genre de compétitions est à la mode sur le nouveau continent, ci-joint quelques infos Wikipedia sur le sujet:
"In 2006 (...), six-time champion Takeru "Tsunami" Kobayashi and two-time defending champion Joey Chestnut were the favorites going into the contest; Chestnut prevailed by setting a new record of 68 hot dogs and buns in 10 minutes. Kobayashi was second with 64½. The contest was televised live on ESPN, which has held the broadcast rights for this event since 2004"
Dire que j'ai déjà du mal à avaler UN hot dog Américain à la sauce...  68, ça fait quand même beaucoup (et bien entendu, il est interdit de vomir-du moins, pendant l'épreuve).

Parfois, je me demande si je ne suis pas passé à côté de ma scolarité à HBS en évitant systématiquement ce genre d'évenements. Mais en général, ce sentiment ne dure pas trop, en fait...

vendredi 19 février 2010

Qu’est qu’un good «comment®»?


Me voila de retour à la tâche après une quinzaine de jours un peu plus tendue que d’habitude, pour cause de sur-activité sociales, sportives, et bien entendu académiques. Me voila donc reposé, et prêt à me pencher sur la question complexe du comment ®, pilier de l’enseignement à HBS.

Le comment®, c’est ce qui fait vivre la discussion pendant les 80 minutes de chaque cours, pas seulement l’écorce mais aussi la racine de la réflexion qui se passe sur le terrain, dans nos salles de classe, tous les jours. Bienvenu au cœur de l’excellence de l’enseignement l’Américain,  dans l’intimité d’un groupe d’étudiants à forts potentiels. Voici le secret de la réussite de ce sanctuaire du savoir et de la profondeur de l’insight, en marge de la Charles river dans les alentours de Cambridge,

Notons tout d’abord que le terme est précis ; on ne parle pas de « remarque », de « point » ou de « prise de position », surtout pas « d’opinion » ; le vocabulaire est précis, dans la culture d’HBS, c’est un comment®. Period.  Cette mise au point achevée, analysons maintenant les différentes typologies de comment®  qui existent-il y a heureusement plusieurs possibilités en terme de formulation, car à raison de 600 cas traités en deux ans, et en faisant l’hypothèse d’une centaines de comments® par class, c’est plus d’un demi-million d’exclamations qu’il nous aura fallu absorber, voire supporter, pendant toute la durée de l’enseignement. Autant dire que dans ce contexte, la recherche de la diversité n’est pas un vain objectif…

Je passe rapidement sur le « cold call », la question d’entrée posée par le professeur pour lancer la discussion. On notera rapidement tout de même que cela fait en général trembler les élèves, qui craignent  de se trouver un peu secs d’entrée,  face à une salle comble qui n’attend qu’une chose, « build on the first comment®  ». C’est vrai qu’il vaut mieux prendre une direction correcte dans les meilleurs délais, sous peine de recevoir une avalanche de « to push back a little bit on what you just said » ou un peu plus pushy « with all due respect, I don’t really agree with you », voire un bon « you’re wrong »  bien cynique à la Française.

Passé l’entré en matière donc, il y a cette première catégorie que je qualifierais de « plain » comment®, quick an easy, le truc facile de début de discussion en réponse à la question bateau du professeur à laquelle personne n’ose vraiment répondre, du style« what’s an inflation targeting policy ? », sachant que la réponse est écrite noir sur blanc dans le cas (même si personne n’a vraiment compris les implications du concept, mais dans les faits, peu importe). C’est pas mal quand on a parcouru le cas la veille un peu trop rapidement, ça permet de se rendormir tranquille… Mais ça peut être risqué en cas de « follow-up question ». Comme nous le disait notre prof. d’entreprenariat de première année, alors qu’il dinait à la maison hier soir « Je cherche les gens qui font ce genre de comment®, puis je vérifie dans un second temps qu’ils ont vraiment lu le cas. C’est comme ça que j’identifie ceux qui auront les mauvaises notes, hé hé hé… ».  On le voit bien, ce genre d’approche ne rapporte pas beaucoup de « points », et on risque en plus de se faire reprendre plus tard sur des sujets plus complexes. A éviter autant que possible, donc.

Plus délicat à faire, surtout pour un non English speaker, le comment®  consistant reprendre rigoureusement le contenu du comment®  en le reformulant élégamment sans surtout rien ajouter marche pas mal de ce côté de la rivière. C’est certainement le plus classique, avec un bon 50% de part de marché je dirais, très ennuyeux aussi pour la classe. Mais bon, on fait ce qu’on peut…

Il y a aussi la comment®  réalisé « sur la base de ma grande expérience pré-HBS, lorsque j’étais exactement dans la même situation que le protagoniste de notre cas (souvent, le CEO de Wall Mart ou le ministre des finances du Brésil…), j’ai fait X et Y et tout s’est bien passé parce que je suis trop fort ». C’est pas mal, sauf quand c’est fait trop souvent par la même personne, qui suggère ainsi avoir travaillé dans toutes les industries du monde et s’être trouvé par le passé dans toutes les situations possibles, ça perd un peu en crédibilité, à la longue.

Heureusement, il y a aussi le « game changing or ‘flipping’ comment®  », la spécialité de Loeiz cette année. « Je crois que nous avons une vision erronée du cas, il faudrait à mon avis prendre du recul –step back- et considérer ce problème sous un autre angle » ou plus bullish encore « Je ne vois pas bien ce dont on parle depuis 20 minutes, pourrait-on définir les termes plus précisément ? ». C’est high-risk, high-reward. Et quand ça fait flop, ça fait mal…. Loeiz a cependant été décoré l’année dernière pour ses prestations de haut vol, ce qui prouverait qu’à priori, il fait en général plus de flip que de flop…

Et puis il y a le comment®  basé sur des convictions profondes, des valeurs, une vision. Assez vite, on arrive bien à anticiper ce que va dire l’étudiant coutumier du fait. Ainsi, Quentin s’est spécialisé dans les comments® à tendance « socialisante » : « Les subventions aux investissements direct étrangers  en France, c’est pas bien. Ca génère une compétition malsaine qui favorise le dumping social. Travailleurs, travailleuse… » ou alors « On ne peut pas continuellement mépriser les opérations. Le monde ne tourne pas autour de la finance ou du profit… ». Quand en plus, les exemples sont systématiquement adossés à une même industrie, l’automobile en l’occurrence dans le cas de notre ami Quentin, ça devient franchement prévisible - mais c’est toujours un grand plaisir à écouter, surtout quand c’est formulé plusieurs fois dans des cours différents… C’est ce qu’on appelle « jouer sur ses propres atouts », et ça marche pas mal. Pour ma part, j’ai pas mal tenté de créneau « gauche un peu réactionnaire qui veut la démocratie en Chine », et ça m’a inégalement réussi. Le chute du capitalisme n’est pas pour demain…

Enfin et pour conclure, il y a tout un tas de comment®  non catégorisables et sans vraiment d’essence, qui s’intègrent tant bien que mal dans la conversation, remplisse les blancs, permettent les transitions… et se construisent les uns sur les autres sans trop de structure, mais facilitent le boulot du professeur, qui a bien besoin de remplir son cours. J’en suis l’expert, même si j’admets que Guillaume -qui s’apprête à se lancer pré-retraire pour cause de paternité prochaine- me fait franchement concurrence sur ce créneau, histoire d’assurer une note de participations correcte. Faudrait que je pense à me repositionner !

Bref, on s’amuse comme des fous de l’autre côté de l’Atlantique, let’s keep going and commenting, plus que trois petits mois malheureusement….

lundi 8 février 2010

Moi aussi, je finance la guerre en Irak !

... ainsi que le renflouement d'AIG, le plan TARP et le salaire d'Obama... Enfin en partie, car avec mes 6,90$ de taxes pour 2009, je ne suis qu'une goutte d'eau dans la mer des finances Américaines.

Etre étudiant, c'est tout de même satisfaisant d'un point de vue fiscal... C'est en sorte une (bonne) raison de plus de faire un MBA !

lundi 1 février 2010

Encore quelques photos...


Et oui, j'alterne ! Après les cours, l'escalade....

Je fais un post de grimpe encore plus court que d'habitude, sachez simplement que ces images ont été prises ce week-end par -8°C -ce qui me vaut d'ailleurs une crève carabinée- la journée était superbe et je ne regrette rien (tant que j'ai mes deux poumons intacts...).







La vérité n’existe pas ?

Image courtesy of FlyingCam, a Chalair pilot, part-time in-cockpit photograph. Fly Chalair...!

Ou alors, elle est ailleurs... Je viens en effet d’assister à deux cours intéressants, pendant lesquels les professeurs, pour une fois pas simples animateurs-de-la-discussion-entre-élèves-qui-n’y-connaissent-rien mais véritables « thought leaders », ont exposé leurs idées sur « la fin de la vérité » -du moins, c’est comme ça que je le comprends. Pour une fois qu’on nous encourage à utiliser notre esprit critique dans cette école, je me régale !

Le cours de finance comportementale, pour commencer ; ou comment les modèles mathématiques et autres théories financières, rationnellement fonctionnels, n’expliquent que partiellement et avec une certaine médiocrité les  évolutions de la bourse et, plus généralement, de l'économie. Nous apprenons ainsi qu’il faut prendre en compte les biais psychologiques des acteurs financiers pour avoir une perspective plus fiable de la réalité boursière. Par exemple, l’effet « momentum » fait que les investisseurs ont tendance à suivre à la hausse les stocks qui montent ; ou l’effet « recency », qui fait que ces derniers ont tendance à se focaliser sur les toutes dernières nouvelles sorties, au lieu des « fondamentals » du stock… Tout cela parait évident, mais présenté agrémenté de quelques chiffres, ça fait réfléchir. Ainsi, un rapide sondage montre que 87% des élèves de la classe sont prêts à traverser la ville pour payer 39$ au lieu des 59$ affiché dans leur magasin pour un produit X, soit 15 minutes de marche pour économiser 20$. Mais seuls 50% (NB : dont moi, on ne se refait pas. Chez les Grenier-Poitevin, j’anticipe sans aucun doute un chiffre à 100% -mais ce serait l'objet d'une autre étude, plus complexe encore) des élèves se déplaceraient pour payer leur écran plat 1,479$ au lieu de 1,499$. Dans le second cas comme dans le premier, le déplacement est valorisé à 80$ de l’heure… et pourtant, les réactions engendrées sont fort différentes. Certes, on peut toujours expliquer ce phénomène rationnellement (e.g, l’écran plat, c’est un achat fait une fois tous les dix ans, alors que le truc cheap, c’est 10 fois par semaine, donc ça vaut le coup de faire un effort sur le truc cheap -logique discutable cependant à mon humble avis) mais la conclusion, c’est que nous ne nous comportons pas de manière rationnelle (20$, c’est 20$ dans les deux cas, non ?). Génial ! Je viens de prouver que l’être humain n’est pas rationnel, et oui, ça vaut le coup de lire ce blog ... Il y a heureusement un second take-away : en analysant (rationnellement) cette irrationalité, on peut s’enrichir (c'est le genre de conclusion très appréciée à HBS)! Amusant d’ailleurs, ces idées existent depuis les années 1980 –et donc bien avant la crise- et gagnent de plus en plus de terrain, la crise ayant justement rendu les investisseurs plus irrationnels encore… Bon, incroyable mais vrai, j’ai finalement swapé ce cours (essentiellement parce que les élèves de cette section étaient imbuvables, banquiers en herbe trop arrogants pour moi – la finance rassemblerait-elle certains types de caractères? Loeiz a gardé ce cours pourtant, je ne peux donc pas le croire…) pour un cours d’entreprenariat, j’espère que j’ai bien fait ! Et oui, on a droit à 5 cours par semestre, pas 6, il faut donc rationaliser le portefeuille…

Ce matin enfin, nous avons passé 80 minutes (pendant mon cours sur les effets des disruptions technologiques sur les Business Models des incumbents, un peu intello comme truc mais bien marrant) à analyser les éléments constitutifs d’une théorie, par opposition au simple framework dont l’enseignement d’HBS est si dépendant-rien de neuf en soi, mais c’était amusant de défoncer un article pour cause de manque de rigueur méthodologique, alors que ce même article est paru dans Harvard Business Review et… fut adulé par nous même élèves pendant 80 minutes dans un cours du semestre précédent – avec un autre prof. évidemment !

Bref, tout se passe bien de ce côté-ci de la rivière (NdT: la Business School est séparé de l’Harvard University par la Charles river), je vous confirme donc, si vous ne le saviez pas déjà, que le monde est irrationnel… et que certains cours ce semestre devraient être des plus distrayants !