samedi 28 février 2009

Martin Hirsch et la politique social européenne



Il faut reconnaître que ce qui est bien ici, c’est qu’il y a une masse de conférence intéressante en permanence. J’étais tombé par hasard sur un panel de la conférence Germany/USA de Harvard qui avait comme invité Martin Hirsch (un des politiques francais les plus efficace en ce moment a mon avis). Le thème du panel était la politique social européenne… Thème a priori pas super excitant mais avec du potentiel.

J’ai réussi à entraîner Thomas pour assister a cette discussion et on a même réussi à discuter en tète a tète avec Martin Hirsch pendant 5 mn. Que peut-on en retenir :

1. Martin Hirsch est excellent. Il est très accessible, ne parle pas la langue de bois (ou moins que la moyenne des hommes politiques en France) et a une approche très pragmatique des problèmes.

2. La politique sociale européenne est aujourd’hui inexistante alors que c’est un sujet majeur dans tous les pays. Il y a des comites de coordination sur la pèche, l’industrie du chocolat, la standardisation de la taille des préservatifs mais pas d’effort suffisant de coordination des politiques sociales.

3. Les politiques sociales doivent se décider au niveau local (ville/région/état) mais il y a de la valeur à faire de la coordination entres les états européens (si on part du principe que l’Europe partage un système de valeur autour d’une économie sociale de marché, OK c’est barbare mais en gros c’est on fait du capitalisme en ne laissant pas les plus faibles sur le bord de la route). Parmi les sujets possible : instauration du principe de non-discrimination partout, principe d’un salaire minimum (mais pas le même dans tous les pays), principe du droit a une protection sociale et a une retraite décente, etc…

4. Dernier élément, comment utiliser cette politique sociale pour améliorer l’intégration européenne et comment faire émerger la notion de citoyenneté européenne. Le programme ERASMUS sensibilise les élites en envoyant les étudiants du supérieur étudier dans tous les pays. Les compagnies low cost permettent au plus grand nombre de voyager à travers l’Europe, les jumelages entre les communes permettent de favoriser les échanges. Mais il manque des références communes, un attachement a l’idée de L’Europe. La monnaie commune n’est pas une façon tres sexy de concevoir l’Europe . Paradoxalement, The Economist et le Financial Times (british et notoirement eurosceptiques) sont les seuls organes de presse avec une large audience à couvrir correctement l’actualité européenne. Il n’y a pas de chaîne de télévision avec une couverture européenne. La barrière de la langue et les fiertés nationales rendent la construction d’un sentiment européen difficile.

5. Conclusion de Martin Hirsch. Quel est le but premier de l’Europe : Éviter a tout prix une nouvelle guerre entre les états qui se sont déchirés depuis 2000 ans. Lier les destins de la France et de l’Allemagne si fortement au travers d’une monnaie commune que la perspective d’une guerre deviennent inimaginable. Les leaders européens (Merkel, Brown, Sarkozy, Zappatero, Berlusconi, etc…) doivent mieux expliquer ces enjeux aux peuples et doivent arrêter de se cacher derrière l’Europe pour faire les reformes difficiles que demandent le vieillissement de la population et l’adaptation a la globalisation.

6. Question en suspens : est-il possible de construire l’Europe en gardant des identités nationales fortes ? Les panelistes y croyaient, mais j’en doute. Je ne pense pas qu’on puisse avoir un pouvoir fort à Bruxelles avec des pouvoirs fort au niveau des états. A mon avis, seul un pouvoir fort a Bruxelles permettra de faire avancer l’Europe et de sortir du blocage perpétuel (a l’inverse de ce que pensent les britanniques et les eurosceptiques en France).

Conclusion personnelle : la construction européenne est un challenge passionnant et difficile. L’Europe a grandit trop vite ces dix dernières années et doit maintenant se structurer. L’Europe a gagné sa légitimité au sein des élites pendant les 50 dernières années mais il faut maintenant convaincre les peuples de leur intérêt à long terme d’abandonner leur souveraineté et leur fierté pour construire une Europe forte et efficace.