mercredi 28 avril 2010

Quelle sera ma « legacy » ?


Tout d’abord, je m’excuse d’utiliser le terme Américain « legacy », mais je ne connais pas de traduction adéquate en Français (leg, ça sonne mal…) et Axel a beau m’insulter pour mon Fr-anglais que je n’y fais plus attention. Nous voici à la fin de ces deux belles années d’étude, et je dois avouer qu’il y a une ambiance «clôture de bilan » sur le campus ces jours-ci.

My legacy, problème brûlant. Que je ne m’étais encore jamais posé certes, mais que j’ai eu la chance et l’honneur de traiter avec mes section mates de première année lors d’une après-midi dédiée aux retrouvailles et à l’analyse. Belle utilisation de notre temps - on se pose vraiment les questions qui comptent à HBS. Notons que ce sujet n’a même pas été identifié de manière anodine, puisque le choix a fait l’objet… d’un vote ! Et oui, parfois, la démocratie a des limites…. Enfin, soyons optimistes et démocrates en notant que les 3 alternatives qui nous étaient présentées n’était pas non plus des plus excitantes (‘HBS : cause ou solution de la crise financière ?’ etc.. du bon gros lourd donc).

D’un certain point de vue, c’est vrai qu’il est important de réfléchir à ce qu’on laisse derrière soi, c’est certain. Comme le disait justement Jason (je maquille les prénoms, faut faire gaffe aux représailles dans ce pays) : «Thinking about my legacy helps me get prepared… if you don’t know what you want to leave after you’re done with your life, how can you have the best legacy ?”. Pour Britney (mignon comme prénom, non?), “My legacy is important because this is what people will know and think about me in decades“  avant d’ajouter, très sûr d’elle “what’s the problem with having a building with your name on it? It’s cool, isn’t it?”. Si si, c’est bien quasiment du mot à mot. Britney, c’est d’ailleurs  un peu l’égérie de notre section, celle dont le père à soigné Jack Welch himself, la plus distinguée de tous et sûrement la mieux alignée avec le modèle HBS. Elle va me manquer, c’est sûr… A oui, j’oubliais, elle est aussi en charge des activités sociales de notre groupe (par exemple, organisation des jeux d’alcool comme le Beer Pong notamment). C’est bien que des gens s’en occupent, je trouve. C’est important ça aussi.  Notons que malheureusement, nous n’avons pas eu la chance d’entendre l’avis de mon génial room-mate, qui s’est contenté de roupiller pendant toue la discussion, parce qu’à son avis « On n’a même fait l’effort de définir les termes précisément. De quoi parle-t-on, au fait? »… Certes.

Ces arguments ont été largement appréciés par  notre Belge nationale que nous adorons tous. Diane (son vrai nom cette fois) est en charge des relations avec les anciens élèves (c-à-d nous dans trois mois, et les autres, plus vieux) et donc responsable des dons des anciens pour la section. « D’ailleurs, je vous rappelle que nous lançons tout juste la nouvelle campagne de fund-raising. Ce serait bien  de donner un peu d’argent, même quelques dollars, pour aider les élèves qui n’ont pas les moyens… ». Elle est courageuse (et franchement sympa, car c’est pas le truc le plus marrant à faire faut l’avouer), car ce n’est pas avec moi qu’elle va lever ses millions – je serais plutôt en faveur de réduire sérieusement les coûts de l’école, en commençant par les foules de jardiniers qui s’occupent la pelouse du campus même en plein hiver… Mais c’est un autre sujet, revenons à nos moutons, en notant tout de même que mon attitude sur ce sujet est finalement très Européenne, et plutôt partagée chez nos amis du vieux continent. Notre legacy, en un mot, ne nous empêche pas encore de dormir….

Je finirai tout de même par une note positive-ainsi et pour une fois, on ne pourra pas me taxer (à raison) de rabat-joie. Lorsque notre professeur a ouvert la discussion, et avant que les Britney et autres Jason ne se lancent tout haut dans des monologues éberlués,  il a demandé à trois d’entre nous de citer des gens dont nous respectons la legacy. Et là surprise, pas de Michael Jackson ou d’Oussama Ben Laden, mais des grands-parents et des oncles ou tantes, des gens exceptionnels qui existent en vrai et qui sont proches de nous. Peut-être que ça devrait être cela, notre legacy : partager notre bonheur avec notre entourage direct,  essayer d’aider aux mieux les gens que nous connaissons, plutôt que de se battre toute sa vie pour laisser notre nom sur une plaque en marbre dans un coin désespéré d’un campus doré de Cambridge... Notre discussion pseudo philosophique a donc touché quelque chose de concret que je partage – oui, me voici pour une fois en lien avec ma section ! Et je ne peux m’empêcher de penser à la legacy de ces gens qui m’ont fait grandir : Elizabeth et Georges, Nani et Louli. Et d’autres… Que d’heureuses pensées !