dimanche 10 janvier 2010

Early January in New York, 2010


Lower East Side, et les éternelles escaliers de secours sur ces façades toutes identiques


Quelques images faites ces jours derniers, dans une ville gelée mais toujours accueillante, et qui n'a décidemment rien à voir avec les Etats-Unis. C’est un cliché, mais que d’énergie dans l’antre de Big-Apple ! Et des souvenirs, toujours, de ces quelques mois passés entre 29eme étage dans une des tours du Rockfeller center et les petites rues au cœur de Harlem, tout là haut, vers la 138eme. C’était en 2004, déjà. Tout cela ne me rajeunit pas….



En route vers la liberté ! Si peu de touristes, cette fois...


Au port, le soleil se lève. Pour quelques instants seulement


Honneur aux marines, tués sur le champs de bataille. Les stelles sont effrayantes, grises...


Central park sud au petit matin


Dans le fond, l'upper west side









Une patinoire au coeur de la capitale financière de la planète, dans le poumon de la ville.




Harvard Business School: A World Of Opportunities



New York, central Park, hier après-midi.

Je tombe à l’instant sur cet article du Financial Times, dont je vous propose les extraits suivants.

“In recent years, there has grown up a culture of discontent among the highly educated young something that seems to flare up, especially, when people reach their late 20s and early 30s. It arises not from frustration caused by lack of opportunity, as may have been true in the past, but from an excess of possibilities.
(…) the late 20s to early 30s are often considered a period of reappraisal. (…) when people manage to remain free of financial or family burdens, and where the perceived opportunities for alternative careers are many, the reappraisal is likely to be strong.
(…) Among no social group is this more true than the modern, International, professional elite: that tribe of young bankers, lawyers, consultants and managers for whom financial, familial, personal, corporate and (increasingly) national ties have become irrelevant. Often they grew up in one country, were educated in another, and are now working in a third. They are independent, well paid, and enriched by experiences that many of their parents could only dream of. Yet, by their late 20s, many carry a sense of disappointment: that for all their opportunities, freedoms and achievements, life has not delivered quite what they had hoped. At the heart of this disillusionment lies a new attitude towards work.
(...) Jobs are no longer just jobs; they are lifestyle options. (…) This leads to the popular fallacy that you can measure the value of your job (and, therefore, the amount you are learning from it) by the amount of time you spend on it. (…) Thus, whereas in the past, when people in their 20s or 30s spoke disparagingly about nine-to-five jobs it was invariably because they were seen as too routine, too unimaginative, or too bourgeois. Now, it is simply because they don't contain enough hours.
(…) Jane, a 29-year-old corporate lawyer who works in the City of London, tells a story about working on a deal with another lawyer, a young man in his early 30s. At about 3am, he leant over the boardroom desk and said: "Isn't this great? This is when I really love my job." What most struck her about the remark was that the work was irrelevant (she says it was actually rather boring); her colleague simply liked the idea of working late.
Unfortunately, when people can convince themselves that all they need do in order to lead fulfilled and happy lives is to work long hours, they can quickly start to lose reasons for their existence.
(…) Nothing is valued so highly as accumulated experience. Nothing is neglected so much as commitment. (…) Kathryn is a successful American academic, 29, who bucked the trend of her generation: she recently turned her life round for someone else. She moved to the UK, specifically, to be with a man, a decision that she says few of her contemporaries understood. "We're not meant to say: 'I made this decision for this person. Today, you're meant to do things for yourself. If you're willing to make sacrifices for others - especially if you're a woman - that's seen as a kind of weakness. I wonder, though, is doing things for yourself really empowerment, or is liberty a kind of trap?" she says.
(…) "Loneliness is better than boredom" is Jane's philosophy.(…)
(…) The notion that one can do anything is clearly liberating. But life without constraints has also proved a recipe for endless searching, endless questioning of aspirations. It has made this generation obsessed with self-development and determined, for as long as possible; to minimize personal commitments in order to maximize the options open to them. One might see this as a sign of extended adolescence. Eventually, they will be forced to realize that living is as much about closing possibilities as it is about creating them.

A première vue, il ne s’agit que de dilemmes d’enfants gâtés, qui auraient meilleur temps de tenter de comprendre ce qu’est la vie de leurs contemporains Smicards qui galèrent dans une société matérialiste, parce que pas parfaitement intégrés au système… A l’heure où l’on parle en France de l’élitisme des Grandes Ecoles et de leur nécessaire refondation, ce thème peu même sembler indécent – les simagrées de ces favorisés sont bien futiles me direz-vous. Et puis, est-ce vraiment si difficile de choisir ? Etre avocat, banquier ou consultant, c’est certes beaucoup de travail, mais ce sont des jobs franchement « dorés » !
Il se trouve que j’ai autour de moi pas mal d’amis dans cette délicate situation où « tout semble possible » – et d’une certaine manière, je pourrais dire que je m’y trouve aussi. Nous avons eu la chance d’avoir été supporté par nos parents dès notre plus jeunes âge, qui nous ont ensuite envoyé dans les bonnes écoles, nous ont dicté nos dissertations de Français quand nous étions au collège, poussé à faire du violon et du solfège pendant plus de 10 ans – et jusqu’au bout !-, empêché de toute leur force de devenir footballeur ou grimpeur professionnel bref, je fais partie de ces jeunes qui ont eu de la chance. Nous sentons donc que nous avons des responsabilités, «we have to give back » comme disent mes amis américains – mais avant de « rendre », il faut déjà être sûr d’avoir quelque chose à donner… Car si la réussite scolaire est une chose, réussir sa vie en est une (toute) autre. Non pas que je sois hyper expérimenté sur ce sujet à ce stade, certes... mais cette hypothèse me semble raisonnable. Alors, pourquoi est-ce si dur d’être un jeune diplômé qui a la vie devant lui? Voici quelques idées qui me viennent en tête :


  • Choisir, c’est se lancer sur un chemin, et donc renoncer à un autre, laisser de côté une opportunité qui a priori a de la valeur. Et plus l’opportunité sacrifiée est valable, plus le choix est cornélien…. Certes, on peut voir le dilemme de manière positive, en observant que faire un bon choix mène à suivre le chemin préféré, plutôt que de penser négativement en se focalisant sur l’opportunité abandonnée mais… il y a toujours le risque de faire un mauvais choix. Au moins, quand on n’a pas le choix, on ne risque pas de se tromper d’alternative. Je sais, c’est ridicule, mais c’est (au moins partiellement) vrai.
  • En général, on ne nous a pas trop appris à prendre des risques. Et jusque là, si le chemin que nous avons suivi fut difficile, il a toujours été peu risqué. Sauf bien sûr pour les quelqu’un d’entre nous qui ont décidé de passer leur été en Himalaya - mais comme je le dit depuis plusieurs année maintenant, lorsque tout est bien préparé, le risque est réduit.
  • Nous sommes encore à peu près lucides, si si. Et conscients qu’un diplôme d’HBS ou quelques années dans un cabinet d’avocat Parisien respectable, ça a une grande valeur dans un certain contexte. Mais dès que l’on quitte notre petit monde pour un autre plus généralement partagé, monde qui ne reconnaît pas tant le diplôme que l’expérience ou la compétence réelle, le bout de papier, même encadré dans un joli cadre grand format, ne vaut plus grand-chose… Nous savons que si la moyenne de rémunération des étudiants d’HBS en sortie d’école est d’environ Xk$ (largement due aux salaires de la finance aux Etats-Unis d’ailleurs-donc mon cas est différent!), ce chiffre doit être pris avec pas mal de recul...
  • Se noyer dans le travail, c’est aussi un bon moyen pour ne pas avoir à trop réfléchir sur ces questions plus profondes du « où-suis, je où vais-je et qui suis-je… ». La chute n’en sera que plus dure, mais faire l’Autruche, ça peut marcher pas mal d’années, non ?
  • Etc… mais je suis fatigué et j’ai envoie aller me coucher, et de toutes façons vu la longueur du post, plus personne ne me lis, là…
J’achève donc premier message de 2010 en vous souhaitant une excellente année - bien que ce soit redondant puisque j’ai eu l’occasion de le faire de vie voix auprès de 90% de mon lectorat à Noël. Vous pouvez pour votre part me souhaiter pour votre part ce réussir mon projet Pakistanais cet été, et d’éventuellement ne pas trop négliger ma vie spirituelle, qui certainement devrait m’aider à avancer sur ces questions, avant que je ne les évite plus franchement !