mercredi 8 avril 2009

De l’éthique a HBS…


Ca fait un moment que je voulais écrire un article sur l’éthique a HBS…
Comme vous le savez peut être, le cerveau de l’affaire Enron, celui qui a imaginé la fraude et qui a été l’image de Enron dans le monde des affaires n’est autre que Jeff Skilling, un ancien célèbre de HBS (avec Bush, ça doit être l’ancien dont on nous parle le moins dans l’école mais le plus en dehors de l’école ;-)). Il est connu pour avoir été un excellent élève durant sa scolarité a HBS, pour avoir été un Partner brillant chez McKinsey et pour avoir répondu lors de son entretien d’admission a HBS a la question « are you smart », « i am fucking smart ». La classe américaine.


Après la crise d’Enron et de Worldcom, en 2001, l’école s’est quand même un peu remise en question (on en est pas encore la aujourd’hui après l’énorme crise financière que nous vivons malheureusement) et a ajoute un cours obligatoire en première année, Leadership and Corporate Accountability. L’idée est d’apprendre aux étudiants comment ne pas aller en prison…
J’exagère un peu, la grande idée du cours, c’est de réussir a trouver un avantage compétitifs a la conjonction de l’éthique, de la loi et l’économie. C’est un concept un peu fumeux mais ici, on adore ce genre de beau graphique simple pour résumer des problèmes complexes…




Bref, tout ca pour dire que c’est un cours très intéressant car:
- Il pose de vrai questions telles que : faut il refuser se fournir auprès de fournisseurs faisant travailler des enfants même si c’est la seule façon pour ces familles de survivre, faut il continuer une activité économique dans un pays si cela permet a un régime totalitaire de se maintenir au pouvoir, quels sont les obligations d’une entreprise vis-à-vis de la communauté dans laquelle est a grandi.

- Il permet de voir les mécanismes qui ont entraînés les fraudes massives dans l’histoire du capitalisme américain. C’est aussi amusant de voir que souvent, les gens vont en prison non pas pour la fraude qu’ils ont commise mais parce qu’ils ont menti lors d’une audience devant le Congrès ou lors d’un témoignage devant un jury.

- Il permet enfin de voir ce que les autres étudiants pensent vraiment sur le rôle de l’entreprise dans la société et sur ce qu’ils sont prêts a faire au nom de leurs actionnaires. La conception que l’entreprise est uniquement la pour servir les intérêts de l’actionnaire est bien sur prédominante et choque souvent mon esprit français …

Pour conclure, nous avons une application très concrète de ce cours d’éthique : le cours de négociation. Lors de ce cours, on nous apprend les techniques de base pour appréhender et réussir une bonne négociation. Très vite apparaît le problème du bluff. Est-il légitime de mentir lors d’une négociation ? Et la, tout ce qu’on a appris en LCA vole en éclat et on nous propose les trois solutions suivantes, selon quel genre de businessman on veut devenir dans le futur :

- L’approche « Poker Game » : tout est permis aussi longtemps qu’on ne se met pas hors la loi. En gros, cela veut dire qu’on peut produire les pires mensonges, si cela ne constitue pas une fraude. Il y a fraude si un des négociateurs fait de façon volontaire, une fausse représentation matérielle (conséquente) d’un fait sur lequel la victime compte de façon réaliste pour prendre une décision…

- Honnêteté complète : dans cette approche, on nous propose de refuser le mensonge à tout prix. L’idée est de dévier les questions gênantes (genre avez-vous une offre concurrente pour la maison ?) de façon plus ou moins subtile pour éviter d’avoir a répondre par un mensonge.

- L’approche pragmatique : Dans cette approche, on préfère ne pas trop mentir pas pour des raisons idéologiques mais parce que cela peut avoir des conséquences sur notre réputation dans le business a long terme. Mais un petit mensonge de temps en temps ne peut pas faire de mal…

Et on nous dit, choisissez vous une éthique et tenez vous y…
On a ensuite de nombreux exercices de négociation entre étudiants de la même classe. Ce qui est amusant, c’est qu’on commence a bien se connaître et du coup, les meilleurs négociateurs ne sont pas les as du Private Equity ou les Banquiers d’affaires mais plutôt les gens discrets dont personnes ne se méfie. En effet, lorsqu’un banquier fait une offre, on se doute qu’il essaye de nous rouler et on se bat comme un diable pour avoir un bon deal. Quand une étudiante mignonne qui a fait de l’humanitaire pendant 2 ans ment avec le sourire, j’ai tendance a plonger direct ….

Et c’est la moral de mon post… Pour réussir dans les affaires, il faut réussir à convaincre ses partenaires qu’on ne cherche pas à les arnaquer. Et le plus simple pour réussir à les convaincre, c’est de ne pas essayer de les arnaquer…

Mais je ne suis pas persuadé que tout le monde dans ma classe soit arrivé a la même conclusion que moi ;-)

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