dimanche 25 juillet 2010

Gasherbrum II, à l'école de la persévérance ?


Au sommet avec Ludo à ma droite et Pemba à ma gauche, le 11 juillet à 9.30 am

Je rentre du Pakistan, du Gasherbrum II plus précisément, dont nous avons atteint le sommet à 8,035 mètres le 11 juillet dernier. Faire ce sommet si longtemps convoité, après plus d’un mois passé entre le camp de base et les camps d’altitude pour s’acclimater et monter les charges, c’est plus qu’une cerise sur le gâteau. Car pendant ces 8 semaines d’expédition, nous sommes passés par tous les états : joie d’arriver au camp de base après une marche d’approche compliquée par une neige abondante, soulagement d’avoir pu rejoindre le camp 4 à 7,400 mètres d’altitude sans œdème ni avalanches très tôt dans l'expédition, puis (longue) attente au camp de base, désespoir face à une météo récalcitrante qui nous a cloué au sol 15 jours, sentiment d’abandon début juillet quand nous décidons de jeter l’éponge…. Décision que nous avons heureusement pu renverser. Soulagement enfin, lorsqu’une fenêtre météo s’annonce, libération lorsque nous quittons de nouveau le camp 4, cette fois ci vers le haut, et joie intense lorsque nous foulons les derniers hectomètres de l’arrête sommitale, en plein vent, entre Chine, Pakistan, Afghanistan et Inde. Instants de pur bonheur, gravés dans ma tête pour toujours.

Ecole de la persévérance d'abord : nous avions échoués sur cette même montagne avec Axel il y a deux ans, et j’avais raté le Gasherbrum V l’année précédente (sommet de 7,000 mètres encore vierge à ce jour, malgré la tentative cet été d’une excellente équipe Coréenne). Et cette fois encore, nous avons frôlé l’échec avant de finalement réussir, sur le fil.

Ecole de l’humilité ensuite, où l’on se rend compte que la ligne entre le succès est l’échec est souvent si fine – mais heureusement perméable. Pour le monde extérieur, les sponsors, les médias (et parfois aussi notre entourage), la différence entre réussite et ratage complet est assez claire : soit nous avons atteint le sommet, soit nous nous sommes arrêtés avant. En réalité, l’écart entre ces deux états finaux tient à bien peu de choses : une température trop basse de quelques degrés lez jour du sommet, un peu plus de vent que prévu, une arrête sommitale protégée par des pentes légèrement sous le vent et… très vite, les gelures se substituent aux drapeaux sommoitaux. De petits riens peuvent tout changer - il faut savoir l'accepter. Nous avons eu des conditions certes difficiles (-25/30°C au matin du 11 juillet, et pas beaucoup plus à l’intérieur même de la tente, des rafales bien au delà des 50 km/h, toute la trace à faire, toutes les cordes fixes à attacher dans les passages les plus techniques) et nous avons progressé dans un style épuré qui m’est désormais habituel (ni guide, ni sherpa, ni oxygène supplémentaire). Mais il faut reconnaître que nous avons aussi eu de la chance, avec une neige dure sur une bonne partie de l’itinéraire, du soleil au col à 7,750 mètres d’altitude, un vent fort mais nous permettant tout de même d’avancer, une arrête sommitale ‘clean’. Bref, nous n’avons pas volé notre succès … mais je garde en tête que nous aurions aussi bien pu rentrer bredouille, tout en ayant accompli un effort strictement similaire. Les notions de succès et d’échec sont donc bien relatives…

Bref, cette aventure fut extraordinaire, j’ai encore des images et des pensées himalayennes plein la tête. Photos et vidéo suivront sur ce blog, stay tuned. J’ai par ailleurs un tas de sujets de réflexion à creuser et j’avoue que je pense déjà à mon prochain projet. Mais chutt, c’est encore un secret !

D’autres images sur le blog de l’expe et dans les médias anglo-saxons.


Au sommet avec le K2 dans le fond

3 commentaires:

Unknown a dit…

Je suis tres heureux que tu aies atteins le sommet et soies revenu en bonne sante. J'attends avec impatience tes photos et descriptions du periple.

Unknown a dit…

Bravo!

Thomas a dit…

J'ai suivi avec un grand intérêt et beaucoup de respect ces beaux projets qui donnent à tous les amoureux de montagne un point de vue intéressant et une belle perspective.

Il doit falloir avoir un gros moteur pour enchaîner HBS / Nose / G2 en quelques mois !

Bravo pour ton élan, ton énergie et tes analyses...

En montagne (comme ailleurs) on est souvent "sur le fil"... et je trouve que tu l'illustres bien dans ta vision sur l'échec et la réussite.

Bon retour !